Tu viens de préparer ta plus belle demande d’accréditation. Tu as écrit un mail court, percutant, argumenté pour expliquer à ton interlocuteur pourquoi il devrait t’accorder le précieux sésame. Et tu viens de cliquer sur « envoyer ».
Mais t’es-tu déjà demandé ce qu’il se passe ensuite ? A part une éventuelle réponse positive bien sûr.
1. PERSONNE NE VA REGARDER TON SITE
Tu as glissé un lien dans ton e-mail vers ton blog, ton portfolio ou ton webzine pour que ton interlocuteur puisse se faire une idée de la qualité de ton travail ? Sache que dans 99% des cas, ton lien ne sera pas cliqué.
2. PERSONNE NE REGARDERA TES PHOTOS
Bon, si personne ne va voir ton site, tu te dis que tu as mis une ou deux photos dont tu es fier en pièce jointe. Et là franchement, c’est facile, pas besoin d’ouvrir un navigateur, ton interlocuteur va au moins regarder tes photos avant de prendre une décision sur ta demande d’accréditation.
Mais en fait non, ça n’arrive jamais non plus.
Alors là tu vas te dire « Mais qu’est-ce qu’il en sait d’abord ?! » Je le sais parce que j’ai l’habitude de tracker mes demandes d’accréditation envoyée à des interlocuteurs inconnus ou que je juge « non-fiables » (qui ne me répondent pas une fois sur deux). Des outils comme Mailtrack ou Bananatag qui t’envoient une notif lorsque le mail que tu as envoyé est ouvert, qu’un lien est cliqué ou qu’une pièce jointe est ouverte.
3. TU NE SAURAS JAMAIS LA RAISON D’UN REFUS (OU D’UN ACCORD) D’ACCRÉDITATION
Quand c’est ok, on s’en fout un peut de savoir ce qui nous a fallu d’obtenir une accréditation. Mais quand c’est un refus, tu es sûr que tu ne sauras jamais pourquoi. La vérité c’est qu’il n’y a jamais de raison logique ou acceptable d’obtenir un pass photo ou de se le voir refuser.
Il ne s’agit jamais d’un jugement sur la qualité de ton travail puisque personne ne regardera jamais ton travail avant te dire oui ou non. Dans certains cas, c’est juste que tu as passé ta demande trop tard. Et ce serait presque le cas le plus intelligible : premier arrivé, premier servi. Dans un pit qui peut accueillir 8 à 12 photographes, si 20 d’entre eux envoient une demande d’accréditation, pourquoi ne pas accepter les 12 premiers à avoir envoyé un mail ?
Mais dans la plupart des cas tu auras juste le sentiment qu’il y a eu loterie, tirage au sort, copinage, ou encore que c’est la taille de ta page Facebook qui a emporté la décision.
Et tu te retrouves à rester à la maison, et à voir apparaître des photos dégueulasses dans l’event Facebook du concert, totalement dévalorisantes pour l’artiste, la salle, et tous les organisateurs du concert. Il te restera juste à hurler « POURQUOI ?!!!! » vers le plafond de ton salon.
4. L’ARTISTE NE VERRA JAMAIS TES PHOTOS DU CONCERT
Pour peu que tu aies eu ton accréditation, tu publies tes photos sur Facebook et tu reçois un like de l’artiste, voire un share! Tu exultes face à cette cooptation artistique ! Calme-toi ! Dans un monde fait de community managers stagiaires, c’est un post-ado geek qui espère faire carrière dans l’industrie musicale qui vient de liker ton post.
Pour peu que tu aies shooté un artiste français pour lequel une validation préalable des photos est nécessaire, tu as pu aussi raisonnablement penser que le chanteur a validé lui-même tes meilleures photos. Mais là encore, c’est une attachée de presse qui pense vaguement savoir ce que veut ou ne veut pas l’artiste qui a décidé de la valeur artistique de ton boulot.
5. PERSONNE N’IRA VOIR TON TRAVAIL A POSTERIORI
Le manager du groupe ou la chargée de com du label t’a fait promettre d’envoyer le lien vers ton article ou tes photos une fois publiés ? Là encore je suis au regret de te dire que ton lien ne sera jamais cliqué. Là encore merci aux trackers !
EN CONCLUSION
Je tiens à remercier ici les personnes avec qui je travaille (presque) au quotidien, qui me font confiance, et qui me font un retour régulier sur mes photos ou mes textes sans besoin que je tracke quoi que ce soit. Qu’ils en soient remerciés, ils prouvent que tout ce qui précède n’est pas vrai dans 100% des cas et qu’il y a encore de l’espoir ! 🙂