Vous êtes prié(e) de noter que cet article est publié dans la catégorie « humour ». Un vrai photographe de concert a-t-il du second degré ? Vous me direz à la fin de votre lecture 😉
1/. VOUS RÂLEZ AU SUJET DES LUMIÈRES
C’est sans doute le point principal qui justifierait un article à lui tout seul : un photographe de concert digne de ce nom râlera toujours au sujet des lumières d’un concert. Il n’y en a jamais assez et le type en charge des lumières n’y connaît rien. Après tout, on est bien d’accord que le but des lumières à un concert est de permettre aux photographes de faire facilement de belles photos, non ? Ce n’est pas du tout pour mettre en valeur un artiste ou un groupe aux yeux du public venu assisté au concert. Il serait bon de le rappeler à l’occasion aux « lighteux ».
Mais quand bien même l’ingé lumières braquerait le bat signal dans la tronche du chanteur, un photographe de concert digne de ce nom trouvera toujours le moyen de se plaindre de pouvoir faire des photos à 1/500ème de secondes et 50 ISO. Parce qu’alors là c’est trop facile.
2/. VOUS RÂLEZ AU SUJET DU SON
Autre principe invariable dans les pits : le vrai photographe de concert est sur son temps libre un ingé son aussi talentueux que méconnu. Il fait parti de cette petite communauté (essentiellement constituée de photographes de concerts) à être au courant de cette conspiration mondiale qui veut que dans toutes les salles de concerts de la planète, même quand l’ingé son est connu et respecté des artistes : il y a trop de basses là non ?
3/. VOUS RÂLEZ À L’ENCONTRE DES AUTRES PHOTOGRAPHES DE CONCERT
Le vrai photographe de concert sait qu’il est le seul véritable photographe de concert digne de ce nom. Les autres n’y connaissent rien. Ils n’ont pas le bon matos, ne savent pas se placer, n’ont pas les bons réglages, et leur manière de composer une image c’est vraiment n’importe quoi. Et tu as vu les traitements photo de celui-là ? Et là regarde, la mise au point est faite sur le micro ! Et ce Robert Gil quelle bonne blague !
Par ailleurs, un bon photographe de concert se plaindra toujours quand un autre photographe qui entre dans le champ de son appareil mais trouvera toujours une bonne raison de se mettre devant un autre quand il le faut vraiment.
4/. VOUS RÂLEZ CONTRE LA SCÉNOGRAPHIE
Ce soir, vous photographiez Godspeed You! Black Emperor et personne ne vous avait averti que le groupe jouait en arc de cercle dans la pénombre sans aucun jeu de lumières. Qu’ils aillent se faire voir ! Votre principe c’est de ne jamais dépasser 1600 ISO. Au-delà y a trop de grain. Tant pis pour eux, ils ne bénéficieront pas de votre travail artistique et l’exposition que leur aurait offert votre photoblog.
5/. VOUS RÂLEZ CONTRE LE GROUPE
Au-delà de la scénographie, le photographe de concert a toujours quelque chose à reprocher à l’artiste ou au groupe qu’il photographie : non mais c’est quoi cette casquette que le chanteur a sur la tête et qui lui fait de l’ombre sur les yeux ? Ils n’ont qu’à jouer encore plus à l’arrière de la scène ! Il a bougé trop vite, il aurait pu garder un peu la pose tout de même ! Et bien sûr elle se lève de derrière son piano pour saluer le public quand on sort du pit !
6/. VOUS RÂLEZ CONTRE LE PUBLIC, LA SALLE, LA PROD, LE LABEL, LE MANAGER DU GROUPE
Au final, on peut dire que tout photographe de concert digne de ce nom est un râleur qui râlera sur à peu près tout ce qui contribue à l’organisation et la tenue d’un concert. Le public chahute trop ! La salle aurait quand même pu prévoir des crash barrières pour les photographes ! La prod a encore laissé un instagrameur entrer dans le pit ! Et le label qui ne partage pas votre live report tandis que le manager ne vous complimente pas sur vos super photos !
7/. VOUS NE PHOTOGRAPHIEZ PAS LA PREMIÈRE PARTIE
Pour quoi faire ? Le vrai photographe de concert n’a pas de temps à perdre. Photographier un groupe inconnu n’a aucun intérêt. Il sera bien temps de se battre pour une accréditation photo le jour où ce groupe sera devenu célèbre, et que toutes les photos presse utiles au groupe auront été réalisées par un autre.
8/. VOUS PARTEZ APRÈS 3 TITRES
En lien avec le point précédent, vous partez aussi dès les 3 premiers titres terminés. Vous n’avez pas de temps à perdre à écouter de la musique. Des concerts, vous en avez déjà vu des centaines, voire des milliers. C’est toujours un peu pareil au final. Il y a un groupe sur scène, un public, de l’alcool, des lumières. Si vous rédigez un live report, vous chercherez sur Google un texte sur une date précédente de la tournée que vous paraphraserez en espérant que personne ne remarquera que votre anecdote sur les rappels n’a jamais vraiment eu lieu.
9/. VOUS PUBLIEZ VOS PHOTOS AVANT LA FIN DU CONCERT
Puisque vous êtes partis au bout de 3 titres, vous en profitez pour publier tout de suite une sélection de photos du concert sur la page de l’événement Facebook et sur Instagram. Bien entendu, vous ne perdez pas de temps à chercher les meilleurs clichés. Vous savez que dans le monde d’aujourd’hui l’important c’est d’aller vite, d’être le premier. Alors des photos un peu sous-exposées, sans traitement, ou même floues auront toujours plus d’impact si elles sortent vite que le meilleur cliché de l’année.
10/. BONUS : VOUS ÊTES UN HOMME
Etre photographe de concert au Main Square Festival – cherchez l’exception qui confirme la règle – © mon ami Yann Charles
La photo de concert, c’est un truc de bonhomme. Un truc pour les vrais, les tatoués. Encore récemment, j’ai entendu dire qu’il fallait des couilles pour s’aventurer dans la foule avec un appareil photo…
Toute ressemblance avec des personnes croisées ou aperçues dans le pit d’une salle de concert ou d’un festival ne serait peut-être pas purement fortuite… 😉