L’année 2017 aura été une année difficile et contrastée sur le front des concerts pour moi. Début 2017, j’ai d’abord eu du mal à me remettre de l’ascenseur émotionnel qu’aura été le dernier concert de Kent à Stockholm. Aussi bien pour le fait de voir un de mes groupes cultes sortir de scène à tout jamais sous mes yeux, que pour le fait d’avoir fait partie de la poignée de photographes accrédités ce jour-là pour témoigner de ces derniers instants. Puis, alors que je commençais tout juste à me remotiver, j’ai dû faire face à des problèmes de dos. Pas très graves, mais qui nécessitaient entre autres choses d’arrêter les concerts pendant quelques temps. S’en suivirent pas loin de trois mois de traversée du désert, mélange tout à la fois de frustration de voir les concerts défiler sans pouvoir y participer, et puis à mesure que les semaines passaient, de cette interrogation lancinante « à quoi bon ? N’ai-je pas fait le tour ? » qui me donnait peu à peu envie de poser l’appareil photo sur une étagère pour mieux faire autre chose de mon temps libre.
Et puis j’ai quand même fini par vouloir tester mon dos. Refaire quelques concerts comme ça, pour voir. Le premier test a été un peu violent puisque je me suis retrouvé dans quelques pogos et autres mouvements de foule à un concert de Last Train à l’Aéronef (que je croyais faire tranquillement derrière les crash barrières de la grande salle alors que le concert avait lieu au club, qui n’a pas de crashs). Mais ça s’est plutôt bien passé physiquement. J’ai refait un test pépère au zénith pour Placebo. Et je me suis dit qu’il était temps de s’y remettre. Sans trop chercher à donner un sens à tout ça, pas tout de suite.
J’ai décidé que ma reprise, la vraie, se ferait le 1er juin 2017 sur Thomas Azier au Grand Mix. Et là, il s’est passé un truc auquel je ne m’attendais pas vraiment, du moins pas dans ces proportions. Mais en passant la porte du Grand Mix, plein d’automatismes me sont revenus directement. Le tout aidé par les retrouvailles de visages et sourires connus, que ce soit à la sécurité, à l’accueil, même parmi le public qui squatte systématiquement le premier rang, ou encore l'indétrônable JP derrière son bar. Je décochais alors mon iPhone pour texter l’homme des RP, Mathieu :
« – ça fait du bien d’être là, j’étais pas venu depuis début février ! – Rolala ! welcome back dude »
En un simple échange se sentir un peu comme à la maison. Je ne vais pas mentir, s’il n’y avait pas eu en 2017 les 20 ans du Grand Mix et la fermeture pour travaux fin novembre, avec l’impression que c’était l’année ou jamais de profiter de cette salle, je suis pas sûr que je serais revenu si facilement et rapidement à la photo de concert.
Comme je le dis toujours, le Grand Mix n’est sans doute pas la salle où pratiquer la photo de concert est le plus facile. Les lumières sont rarement évidentes (bien que ça se soit amélioré depuis quelques temps déjà), il n’y a pas de crash barrière (ce qui oblige parfois à se battre pour une place ou un angle de vue, quitte à ne plus pouvoir en changer) et il y a parfois un certain public qui profite des petits prix des billets pour reporter son budget sur les excellentes bières belges servies à la pression, ce qui peut t’amener à prendre un coup de boule lors du concert d’un groupe plutôt calmos comme Local Natives (histoire vraie). Mais il y a une atmosphère dans cette salle, un accueil, et ces conditions évoquées qui font que chaque soir comporte son petit défi à relever pour le photographe, et que tu as envie de relever. Depuis ce soir j’ai décidé que chaque concert serait cela, au Grand Mix comme ailleurs, un petit défi à relever.
Et Thomas Azier dans tout ça vous allez me dire ? Eh beh c’était vachement bien !